Peu de roman d'horreur en bibliothèque

Réponse de l'Enssib

Date de la réponse

Vous avez le sentiment qu'on trouve peu de romans d'horreur en bibliothèque et vous souhaitez savoir pourquoi.

 

Il nous est impossible de confirmer ou d'infirmer votre constat car il n'existe pas à notre connaissance d'évaluation de la part occupée par les différents genres littéraires dans les bibliothèques françaises.

Toutefois, il est possible d'examiner quelques pistes pour éclairer ce sujet.

 

Tout d'abord, il semblerait que le roman d'horreur ou d'épouvante revienne en force dans le marché de l'édition, en particulier à travers des oeuvres destinées aux ados et à la catégorie "young adult" :

Le roman d’horreur dans la littérature jeunesse. Lirado, 7 août 2019
Les jeunes raffolent des histoires de peur ! Samuel Larochelle. Les libraires, 1er juin 2020
Dossier horreur et frissons : la peur avance masquée. Cécilia Lacour. Livreshebdo, 18 octobre 2019

Extraits :

Le succès de « Chair de Poule » dans les années 1980 et le renouveau de l'horreur dans l'audiovisuel avec les séries Stranger Things diffusée depuis 2016, The Walking Dead diffusée depuis 2010, ou les films Rec (2007), Conjuring, les dossiers Warren (2013) ou Ça (2019) illustrent une appétence du public pour le genre horrifique. De manière générale, enfants et adultes prennent du plaisir à jouer avec leurs peurs dès le plus jeune âge. « Quand on est petit, on aime se faire peur, c'est un besoin pour tester ses limites », déclare Jean-Paul Arif, fondateur de Scrineo. « La peur fait partie intégrante de la vie », renchérit l'auteure québécoise Marilou Addison.

 

Si les éditeurs prennent toutes ces précautions, ce n'est pas uniquement pour protéger les lecteurs. « Les enfants sont attirés par l'horreur, il s'agit d'un besoin instinctif pour grandir. Par contre, il faut faire attention à ne pas faire peur aux parents », estime Emmanuelle Beulque. « L'un des freins au développement de l'horreur est un frein d'adulte plus que de lecteurs car il faut faire plaisir aux parents en premier lieu pour pouvoir déclencher l'acte d'achat », confirme Chloé Samain. 

 

 

On peut donc constater que l'offre éditoriale dans le domaine est importante, en particulier en lecture jeunesse, toutefois, il est possible, comme vous en témoignez qu'on en trouve pas l'exacte traduction dans les rayonnages des bibliothèques.

Par ailleurs, le baromètre Les Français et la lecture publié par le CNL en 2021, indique que le genre romans de SF, fantastique, heroic-fantasy, horreur arrive en 13e place dans le palmarès des genres littéraires lus. Pour comparaison, le roman policier arrive en 3e place, la 1ère place étant occupée par les livres pratiques, art de vivre, loisirs.
Baromètre. Les Français et la lecture. Synthèse 2021. Armelle Vincent Gérard et Maëlle Lapointe. CNL, 2021  (p.9)

 

Pour des raisons pratiques évidentes, face à l'offre éditoriale pléthorique dans tous les domaines, les bibliothécaires sont amenés à faire des choix dans leurs acquisitions, choix guidés par la politique documentaire de l'établissement.

Celle-ci a connu des fluctuations et il est à noter que les bibliothécaires en tant que prescripteurs ont pu exercer (et sans doute exercent encore dans une moindre mesure) une forme de censure indirecte en direction de lectures jugées moins légitimes que d'autres.


Sur le sujet et son évolution, vous pourrez lire les ressources suivantes :

 

 

Pour aller plus loin :

Littératures de l'imaginaire [dossier]. Bibliothèque(s), n°69, juillet 2013.