Réponse de l'Enssib
Date de la réponse
Vous cherchez à savoir si des bibliothèques ayant opté pour des ouverture le dimanche ont finalement choisi de ne pas maintenir aujourd’hui cette extension d’horaires. Vous vous interrogez aussi sur la place des contractuels dans les communes de moins de 15 000 habitants.
Vous avez déjà consulté de nombreux documents ainsi que les enquêtes sur les bibliothèques publiques disponibles sur le site de l’Observatoire de la lecture publique.
Votre demande exigerait une étude d’ampleur sur le terrain, et en dépit de nos recherches, nous n’avons pu identifier une telle enquête récente. Toutefois, nous vous proposons quelques pistes de réflexion afin de comprendre quelles circonstances ont pu amener certaines bibliothèques publiques à renoncer à l’extension des horaires d’ouverture.
Le mémoire d’étude de Conservateur de Camille Ceysson fait le point sur les bibliothèques qui ont élargi leurs horaires : Oh les beaux jours. Ouvrir les bibliothèques municipales le dimanche, pourquoi, pour qui ? Camille Ceysson, Mémoire d’étude DCB, Enssib 2023
Présentation :
L'ouverture des bibliothèques publiques le dimanche est devenue une tendance croissante, dans le but de mieux correspondre au mode de vie des usager·es et d'augmenter la fréquentation. Toutefois, l'idée d'ouvrir les bibliothèques le dimanche reste un sujet controversé, en particulier en ce qui concerne les questions de travail et de rémunération des bibliothécaires. Alors que les bibliothèques étaient traditionnellement associées à la lecture et à la recherche, elles redéfinissent de plus en plus leur rôle en tant que centres culturels, et leur extension aux dimanches reflète ce nouveau rôle.
Dans ce mémoire, page 21, des données chiffrées sont rapportées pour 2021 concernant les bibliothèques proposant une ouverture le dimanche :
Par comparaison, les chiffres de 2021 qui m’ont été communiqués par le Ministère de la Culture font état d’une croissance du nombre de bibliothèques ouvertes le dimanche, avec près de 550 bibliothèques qui déclarent être ouvertes le dimanche, dont près de 80 dans les communes de plus de 30 000 habitant·es
Et plus loin, page 35 :
L’effort d’extension des horaires d’ouverture au dimanche est assez récent, et les premières vagues de financement de la DGD prendront fin en 2023, puisque le dispositif a une durée maximum de cinq ans. Les exemples présentés ici sont soit antérieurs et couronnés de succès, soit encore en phase d’expérimentation. Il est à noter que peu d’expériences d’ouverture du dimanche ont été remises en cause jusqu’à présent, et la documentation sur ces retours en arrière est rare. Enfin, les exemples présentés ici ne concernent pas des établissements où l’ouverture du dimanche est atypique (une fois par mois, uniquement l’été), car ces situations ne reflètent que très partiellement les questions soulevées par l’ouverture du dimanche.
Dans ce mémoire est également évoqué le rapport d’information du Sénat que vous avez consulté :
Rapport d’information fait au nom de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication sur l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques publiques. Colette Mélot et Sylvie Robert, 2020
Colette Mélot et Sylvie Robert avancent par ailleurs que le coût moyen d’une extension horaire est de 42 881 euros annuels, mais ce chiffre recouvre une réalité très disparate : si le coût moyen est de 30 000 euros dans une collectivité de moins de 10 000 habitant·es, il s’élève à plus de 300 000 euros par an dans les villes de plus de 100 000 habitant·es, et sert à financer de la masse salariale à 95%, dont 60% pour le recrutement d’agents titulaires, 36% de contractuel·les, et 16% pour le paiement des heures supplémentaires. Alors que le soutien de l’Etat se veut une aide à l’amorçage du projet, le recrutement important d’agents titulaires risque de fragiliser les bibliothèques une fois les crédits étatiques taris, soulignent les Sénatrices.
Les autrices du rapport soulignent enfin quelques avancées qualitatives de la mise en œuvre du Plan Bibliothèques. Elles notent une amplitude horaire hebdomadaire moyenne augmentée de 8h30, principalement le samedi et en soirée.
De 2018 à 2020, sur 400 projets, seuls 59 ont résulté en une ouverture le dimanche.
En effet, dans ce rapport sont identifiés des points de blocage qui ont peut-être conduit certaines bibliothèques à renoncer à l’extension des horaires d’ouverture, notamment la fin de l’aide de l’État en 2023. À ce sujet, et pour tenter de comprendre ce qui aurait pu faire renoncer des bibliothèque à l’extension de leurs horaires d’ouverture, nous vous invitons à lire attentivement page 31 et suivantes les propositions des rapporteures.
Une analyse est par ailleurs disponible dans une réponse de notre service : Ouverture du dimanche. Q ? R ! (2020)
Pour aller plus loin et alimenter vos réflexions sur les raisons qui peuvent faire renoncer des bibliothèques à ouvrir davantage :
Un rapport de l’IGB de 2014, avant l’extension des horaires d’ouverture portée pas l’État, déjà instructif quant aux points de blocage pour ouvrir davantage les bibliothèques dans les communes entre 12000 à 15000 habitants :
Les bibliothèques municipales et intercommunales dans les communes de 12 000 à 15 000 habitants. Inspection générale des bibliothèques, novembre 2014
L’ouverture dominicale d’une bibliothèque. Fiche pratique. Ministère de la Culture, Direction générale des médias et des industries culturelles, Mars 2018