
Vous travaillez dans une bibliothèque patrimoniale et vous vous interrogez sur les bonnes pratiques de conservation des documents papier et photographiques. En l'occurence, vous souhaitez savoir si coller une étiquette sur une boîte ou une sous-chemise en papier désacidifié peut, à terme, entraîner des dégradations. Par ailleurs, vous souhaitez savoir comment bien conditionner des photographies pour permettre une conservation optimale tout en respectant un volume raisonnable d'occupation de vos espaces de stockage.
Tout d'abord, concernant les bonnes pratiques de conservation des documents papier et photographiques, vous pourrez vous référer aux normes suivantes :
NF EN ISO 9706. Information et documentation - Papier pour documents - Prescriptions pour la permanence, décembre 1998
ISO 18920:2011. Matériaux pour l'image — Tirages par réflexion — Directives pour l'archivage, octobre 2011
Pour répondre à votre question sur le conditionnement en boîtes et le possible danger d'y coller une étiquette, nous avons consulter le document suivant :
Protection et mise en valeur du patrimoine des bibliothèques : recommandations techniques. Ministère de la Culture et de la communication, 1998.
Il est indiqué page 36 :
Chaque matériau entrant dans la composition du conditionnement est à vérifier :
Les matériaux utilisés pour la fabrication des conditionnements, qu’ils soient réalisés en interne ou par des prestataires privés, doivent être soigneusement vérifiés et identifiés. Il importe, dans le doute, de ne jamais utiliser des matériaux ou des conditionnements dont on n’ est pas sûr de l’origine. Pour cette raison, il vaut mieux éviter toute « récupération ».
Chaque matériau entrant dans la composition du conditionnement est à vérifier :
- adhésifs : on n'utilisera que des colles en dispersion aqueuse, de préférence synthétiques (type PVA et EVA), car bien adaptées aux différents matériaux (papiers, cartons, toiles), stables et de pH neutre. En cas d’utilisation des colles de pâte, elles devront avoir reçu un traitement fongicide et insecticide et être de pH effectivement neutre. Les colles de type PVC doivent être rigoureusement prohibées. [...]
Toutefois, n'étant pas spécialistes du domaine, vous pourrez faire appel au centre de documentation de la conservation de la BnF pour des conseils avisés :
Téléphone : 01 53 79 84 82
Courriel : documentation.conservation@bnf.fr
Concernant le conditionnement des photographies, nous avons consulté le document suivant :
Vade-mecum Prise en main d'un fonds de photographies. Sous la direction d’Isabelle-Cécile Le Mée et Anne de Mondenard. Rédigé par Sylvain Besson, Samuel Bonnaud-Le Roux et Bertrand Lavédrine, Isabelle-Cécile Le Mée, Anne de Mondenard. Ministère de la Culture, 2016
Il est indiqué page 22 et 23 :
37- Faut-il conserver les conditionnements d'origine ?
Avant toute intervention, il est nécessaire d’évaluer le mode de conservation et de déterminer les priorités d’action. Ainsi, des matériaux de stockage (boîtes, pochettes, etc.), sans être conformes aux prescriptions normalisées, peuvent n’avoir engendré aucune altération au cours des années passées. Leur remplacement n’apparaît pas alors comme une priorité, mais peut être planifié. On peut conserver à part les conditionnements d'origine inadaptés à la conservation à long terme comme des documents sur le fonds (pochettes en papier cristal ou en polychlorure de vinyle (PVC),
boîtes de papier photo, cartons acides, etc.), ou les éliminer mais après avoir enregistré les informations qu'ils portent (marques de recadrage sur une pochette, numéros ou légendes sur des boîtes, etc.)38- Quels matériaux éliminer ?
Il convient d'éliminer les matériaux instables qui ont jauni, se sont déformés ou sont devenus cassants : pochettes en papier cristal (pochettes souvent de mauvaise qualité chimique avec des points de colle qui génèrent des tensions et sont sources de pollution), pochettes en polychlorure de vinyle (PVC), boîtes dans lesquelles le papier photographique était vendu, boîtes en bois résineux (si les boîtes ont un intérêt esthétique ou historique, il faudra isoler les photographies dans des pochettes de qualité afin d’éviter le contact direct avec le bois). Pour le conditionnement, on utilise des matériaux compatibles. Les papiers doivent répondre aux normes ISO 18902 et ISO 18916.
http://multimedia.bnf.fr/actus_conservation/cn_act_num17_art2.htm#analyse
39- Quels conditionnements choisir ?
Le choix des conditionnements doit se faire en tenant compte des différents supports bien évidemment mais également du volume, des usages (fonds régulièrement consulté ou très peu), de la nature des items (tirages de lecture, tirages de diffusion, tirages d'exposition, etc.) et des moyens de l’institution. On privilégiera, par exemple, les
pochettes en papier à quatre rabats pour les supports sur verre, les supports souples peu stables (nitrates, acétates) et pour des tirages peu consultés ; les pochettes transparentes pour les supports souples en polyester et pour les tirages souvent sollicités. On réservera les matériaux les plus résistants et les plus onéreux pour les pièces les plus précieuses, les plus fragiles. On rangera les tirages d'exposition montés sous passe-partout en carton de conservation dans des boîtes de conservation recouvertes de toile qui offrent ainsi une meilleure étanchéité à l'humidité. Les tirages de lecture pourront être simplement glissés dans des pochettes en polyester et rangés dans des boîtes en carton cannelé. Pour les supports peu stables et peu consultés, il est préférable d’éviter les risques de confinement que peuvent occasionner des contenants en plastique hermétiques comme des pochettes en polyester ou des boites en polypropylène.
40- Comment adapter le stockage ?
De façon générale, on rangera les items par format pour rentabiliser l’espace de stockage. On privilégiera le stockage à plat des tirages y compris ceux rangés dans des boîtes-classeurs pour éviter la déformation des pochettes sous le poids des tirages. Les supports sur verre, pour ne pas peser les uns sur les autres, seront stockés à la verticale ou à plat par petit nombre dans leur boîte. On veillera aussi à ne pas surcharger les conditionnements pour éviter tout confinement préjudiciable à la conservation ainsi que les risques liés à la manutention d’objets lourds. Pour ranger les boîtes de
conditionnement, on privilégiera du mobilier en métal inoxydable ou peint avec de la peinture cuite au four. On veillera aussi à limiter l'empoussièrement favorisé par des mobiliers ouverts.
Comme nous le rappelions plus haut, n'hésitez pas à faire appel à des spécialistes de la conservation, notamment à la BnF, ou à l'Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies de la Ville de Paris pour obtenir des conseils.
Pour aller plus loin :