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Vous aimeriez savoir pourquoi l'estampillage des livres neufs en bibliothèque se fait sur la page 99.
Il n’existe pas véritablement de norme quant à la page choisie pour recevoir l’estampille de la bibliothèque. Il s’agit plutôt d’une pratique professionnelle répondant au double besoin d’éviter le vol, en multipliant les marques de propriété apposées sur le document, tout en permettant aux professionnels de savoir où les retrouver le cas échéant.
Cet usage a été pensé initialement pour protéger les fonds patrimoniaux, ouvrages rares ou anciens, mais existe également pour les collections courantes. Nous vous partageons les recommandations techniques du ministère de la Culture qui détaille la pratique de l’estampillage :
1.Estampillage
[...]
1.3 Emplacement
L’estampille doit être à la fois discrète : elle ne sera pas placée au milieu d’une gravure ou d’une illustration, ni de manière à occulter une partie du texte, ou d’une annotation manuscrite ; et visible, pour que sa fonction d’antivol puisse être remplie. De façon générale, et pour rendre impossible sa disparition par rognage ou par découpage, l’estampille sera apposée soit au milieu de la page, soit dans une marge (inférieure le plus souvent), jamais à l’extérieur d’une marge ; elle sera toujours en contact avec du texte.
Elle sera apposée aux endroits suivants :
- sur la page de titre, ou au centre de son verso si celle-ci a des caractères esthétiques qu’il
convient de préserver,
- sur la page qui contient l’achevé d’imprimé, ou sur la dernière page imprimée,
- sur une page déterminée à l’intérieur du volume, qui sera toujours la même pour tous les
livres appartenant à la bibliothèque.
Source : Protection et mise en valeur du patrimoine des bibliothèques. Recommandations techniques. Ministère de la Culture, 1998, pages 40 et 41.
Par habitude, un certain nombre de bibliothèques peuvent choisir les pages 99, 199, 299 etc. Cependant, il est tout à fait possible de déterminer une autre série de pages pour y placer l’estampille de l’établissement, l’essentiel étant que tous les documents appartenant à une même bibliothèque soient traités de la même manière. Ainsi, l’exemple donné dans cet ancien cours de Médiadix cible la série 77, 177 etc. :
L’estampillage consiste à apposer le cachet de la bibliothèque (estampille) à certains endroits choisis sur un ouvrage : page de titre, dernière page sous l’achevé d’imprimer, planches d’illustration, et à certaines pages choisies par la bibliothèque, par exemple : page 77,177, 277 etc. Ces cachets ou tampons attestent la propriété de la bibliothèque, sont dissuasifs contre le vol, ou la revente du livre et de ses illustrations.
Source : Cours de bibliothéconomie 4. Circuit du document. Médiadix, 2017, page 7
Ces recommandations sont anciennes, car on les trouve déjà dans :
1) le Petit guide du bibliothécaire de 1948 :
Estampillage :
On appose généralement le cachet sur la page de titre et sur une ou plusieurs pages du texte, arbitrairement choisies, et toujours les mêmes.
Source : Petit guide du bibliothécaire. Charles-Henri Bach, Éditions "Je sers" (S.C.E.L.), 1948, page 13
2) La circulaire relative a l'estampillage des documents conservés dans les bibliothèques publiques de 1884 :
Tant dans les manuscrits que dans les imprimés, l'estampille doit être apposée au commencement, à la fin, et une fois au moins à l'intérieur du volume. Quelques bibliothèques choisissent une page déterminée pour recevoir le timbre intérieur : cette excellente mesure a l'avantage de faciliter beaucoup les identifications en cas de détournement.
Source : « Appendice V. - Circulaire relative a l'estampillage des documents conservés dans les bibliothèques publiques ». In Instructions élémentaires et techniques pour la mise et le maintien en ordre des livres d'une bibliothèque par Léopold Delisle. Léopold Delisle. Librairie Honoré Champion, 1910, page 90
Pour aller plus loin :