
Dans le cadre de notre partenariat, Eurêkoi nous a transmis votre question.
Vous recherchez la ou les sources à même d’expliquer l’utilisation des cotes RK et RX pour les fictions.
Nous n’avons pas identifié de tel document. En revanche, la littérature professionnelle et les exemples disponibles sur les sites des bibliothèques départementales exposant les cotes en vigueur offrent des pistes de compréhension. De manière générale, il faut comprendre ces cotes comme des conventions d’usages et non pas des formes issues de préconisations écrites et encore moins d’une classification reconnue telles la Dewey ou la CDU.
La définition de la cote disponible sur le glossaire du CRFCB est la suivante :
Ensemble de symboles (lettres, chiffres ou signes) servant à désigner la place du document sur les rayonnages.
Pour les documents en libre accès, la cote se compose de l’indice de la classification choisie par la bibliothèque, auquel on ajoute les trois premières lettres du nom de l’auteur ou du titre si le document est anonyme.
La cote d’un document en magasin est le plus souvent formée d’une lettre indiquant le format suivi du numéro d’inventaire.
Source : Cote. Glossaire CRFCB
Dans la littérature professionnelle nous avons repéré des textes où les bibliothécaires s’interrogent sur les meilleurs classements possibles à adopter sur le terrain. Ainsi, dans le Bulletin des bibliothèques de France, Marianne Pernoo revenait-t-elle sur ces débats et ces propositions en 2001 :
Quelles classifications et quels classements pour les oeuvres de fiction dans les bibliothèques ? : la question des frontières. Marianne Pernoo IN Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2001, n° 1, p. 47-53. Extrait :
Toutes ces interrogations sur les limites de la classification ne sont pas nouvelles dans la profession. Le Bulletin des Bibliothèques de France s’en est déjà fait l’écho en 1988, en consacrant un dossier entier aux espaces de lecture.
Dans la bibliographie fournie par l’auteur de cet article, un mémoire a retenu notre attention. Il peut vous être utile pour élargir votre compréhension des choix de cotes dans les bibliothèques publiques, en France ou dans d'autres pays :
Roman : le mal-aimé des bibliothèques ? Réflexion autour de son indexation et pratique de sa signalisation par genres à la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Mathilde Grandjacquet. - Genève : E.I.D, 1999.
Résumé :
Constatant que la masse de romans ne cessait de s’accroître et que le catalogue ne fournissait plus de réponse pertinente, les professionnels de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds ont pensé qu’il serait intéressant de signaliser les ouvrages d’après le genre auquel ils appartiennent. Pour atteindre cet objectif, il a d’abord fallu s’imprégner des réalités de l’institution, connaître l’histoire du roman, s’intéresser aux comportements des lecteurs, recenser les différents genres de roman et étudier ce qui se faisait ailleurs. Ensuite, les décisions concernant la signalisation ont été prises. La signalisation des romans ne pouvant constituer le seul outil de recherche, il a fallu étudier l’indexation et le système informatique. Ce travail nous fait prendre conscience de l’état d’abandon dans lequel se trouve le roman dans les bibliothèques et nous fournit quelques réflexions quant aux solutions qui pourraient être apportées à cette situation.
Plus spécifiquement, concernant les cotes RX et RK sur lesquelles vous vous interrogez, nous vous proposons de consulter quelques exemples de Guides de cotation des ouvrages disponibles sur les sites des BDP. Nous avons noté qu’aucun de ces guides ne fournit d’explication sur l’origine de ces cotes que l’on peut donc qualifier de « maison ». Par ailleurs, le choix de ces cotes est très variable.
Ainsi pour les bibliothèques de Dordogne, le choix de la cote pour les romans policiers RP se retrouve également dans la Sarthe :
Guide de cotation des livres. Bibliothèque départementale de la Dordogne, 2016
Le classement des livres en bibliothèque. Sarthe Lecture
La cote RX, quant à elle, nous l'avons repérée une fois pour les romans érotiques à la médiathèque départementale du Jura. Et la cote RP pour les romans policiers.
La cotation des documents. Médiathèque départementale du Jura
Ces quelques exemples permettent de comprendre les démarches des bibliothécaires en l’absence de normes contraignantes : ils adoptent des plans de classement et des cotes compréhensibles pour leurs usagers tout en respectant la rigueur nécessaire à la gestion d’un fonds en bibliothèque.
Pour enrichir vos réflexions, vous pouvez poser votre question sur Agorabib sous la rubrique « La bibliothèque et ses collections »
Pour aller plus loin de manière moins strictement bibliothéconomique, mais néammoins très stimulante nous vous encourageons à lire :
Penser-Classer. Georges Perec. Hachette, 1985
Ainsi Annie Béthéry le présente-t-elle dans son article consacrées aux classification encyclopédiques :
On trouve dans l'oeuvre de Georges Perec maintes allusions et références, toujours pleines d'humour, mais aussi de justesse, au monde des bibliothèques et de la documentation. Parmi les chroniques réunies dans Penser/classer 1 s'en trouve une, « Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres », qui peut donner à penser à tous ceux qu'intéresse le problème du classement des documents - dans une bibliothèque privée comme dans une bibliothèque publique. On en retiendra en particulier cette phrase : « Ainsi le problème des bibliothèques se révèle-t-il un problème double : un problème d'espace d'abord, et ensuite un problème d'ordre. » Ces deux concepts - espace et ordre - sont en effet les données fondamentales, autour desquelles se développe un débat qui agite le monde des bibliothèques aujourd'hui : comment aménager l'espace ? Comment ordonner les collections ?
Source :
Liberté bien ordonnée... : les classifications encyclopédiques revues et corrigées. IN Annie Béthery. Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1988, n° 6, p. 450-455.