Comment connaître le nombre de tirages d'un ouvrage ?

Réponse de l'Enssib

Date de la réponse

Vous êtes à la recherche d’outils qui vous permettraient de retrouver le tirage d’ouvrages anciens ou modernes, publiés en France, pour documenter certaines ressources de vos collections.

Vous avez consulté sans profit le CCfr, le catalogue général de la BnF, le Sudoc et également le site du SLAM.

 

 

En dépit de nos recherches, nous n’avons pas identifié d’outils correspondant à votre demande.

 

En revanche, nous avons repéré les sources suivantes qui pourront vous apporter un éclairage.

 

Malcolm Walsby, Professeur des universités en Histoire du livre, indique dans son manuel L'imprimé en Europe occidentale, 1470-1680 :

 

Une presse correctement maniée permettait de produire entre 1 300 et 1 500 feuilles imprimées par jour. En d'autres termes, pour imprimer une édition constituée de 400 pages de texte dans un format in-folio avec un tirage de 1 300 exemplaires, il fallait compter cent jours de travail avec une seule presse. Ce travail pouvait être partagé entre plusieurs presses pour accélérer l'impression, mais on ne peut pas simplement supposer que parce qu'une imprimerie possédait un certain nombre de presses, celles-ci étaient en activité constante ou toutes occupées à l'impression d'un seul ouvrage.

 

Le nombre d'ouvriers semble souvent avoir été insuffisant pour garantir un fonctionnement simultané de l'ensemble. Les tirages pour chaque édition variaient considérablement en fonction des capacités mais également, et surtout, selon les ambitions commerciales. Dans une ville comme Venise, on produisait entre 300 et 400 exemplaires d'un ouvrage dans les premières décennies de la période incunable, mais ceci augmenta rapidement et de manière considérable, certaines éditions atteignant les 3 000 exemplaires dès le début du XVIe siècle. Une compagnie de Padoue qui fit dresser un contrat en 1564 pour une publication s'engageait à un tirage de 1 100 exemplaires – un chiffre expressément décrit comme habituel et normal. À Londres, la Stationers' company se sentit obligée d'intervenir pour interdire les tirages dépassant les 1 500 en 1587, un chiffre qui fut revu à la hausse pour atteindre 2 000 exemplaires en 1635. Même s'il semble probable le chiffre moyen se situait plus bas, de tels exemples démontrent l'ampleur que pouvait atteindre certaines éditions. La plupart des auteurs s'accordent à considérer qu'un tirage moyen d'environ mille exemplaires est une approximation crédible.

Source : L'imprimé en Europe occidentale, 1470-1680. Malcolm Walsby. Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 31-32

 

Sur le site des Essentiels de la BnF nous avons trouvé des exposés sur l’histoire du livre à l’époque moderne et au 19ème siècle où les tirages sont évoqués de manière générale.

Ces dossiers sont réalisés par des conservateurs de la BnF et des spécialistes de l’histoire du livre. Ils sont le fruit de recherches poussées dans les sources, comme par exemple, les catalogues de librairies et d’éditeurs. Ces outils constituent le fonds Q10 de la BnF :

 

Avec le fonds nommé Q10, la Bibliothèque nationale de France possède une collection unique de catalogues de libraires, d’imprimeurs et d’éditeurs, français et étrangers. Ces documents peuvent être consultés en Bibliothèque de recherche du site François-Mitterrand. Ils sont conservés en magasins, sous la cote Q10.

Ce fonds historique, dont les plus anciens catalogues datent du XVIIe siècle, continue de s’accroître quotidiennement grâce au dépôt légal et aux dons que reçoit la BnF. Les documents de la cote Q10 sont classés par grandes tranches chronologiques allant de A à F ; chacune de ces périodes a un signalement et des instruments de recherche spécifiques. La tranche correspondant au XIXe siècle (Q10 B) et à la naissance du métier d’éditeur fait actuellement l’objet d’une campagne de numérisation (à partir d’un corpus d’éditeurs sélectionnés).

Source : Les Fonds spéciaux du département Littérature et art. Catalogues de libraires et d’éditeurs (Q10)

 

Pour les tirages de l’édition moderne voici les chiffres proposés dans les Essentiels :

 

Les tirages

Les techniques d’impression n’ont pas changé depuis le siècle précédent. Les chiffres de tirage vont de 500 à 1 000 exemplaires pour les ouvrages savants, 1 000 à 2 000 pour les livres d’intérêt général, plusieurs milliers pour les livres scolaires et surtout les livres d’heures (jusqu’à 10 000 exemplaires).

Le coût du papier représente entre 40 et 50 % du prix de la fabrication, aussi les éditeurs de textes classiques passent au petit format (in-8°, in-16 et même in-24). Dans l’atelier, le travail se fait en continu : les pressiers tirent 180 feuilles à l’heure, soit 1 300 à 1 500 feuilles imprimées recto et verso chaque jour, et le correcteur doit intervenir rapidement pour qu’une fois les pages imprimées, les caractères puissent être rendus aux compositeurs.

Source : Le marché européen du livre au 16e siècle. Les Essentiels, BnF

 

Une question proche de la vôtre quant à la problématique est également accessible sur le Guichet du Savoir (Bibliothèque municipale de Lyon) :

A combien d'exemplaires tirait une édition au XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles ?

L’unique référence donnée dans la réponse est l’article  « Tirage »  dans le Dictionnaire encyclopédique du livre, Editions du Cercle de la Librairie, 2011, tome 3, p. 844.

Dans ce Dictionnaire, d'autres références sont données pour cette notice « Tirage » dont l’article de Marie-Anne Merland :
"Tirage et vente de livres à la fin du XVIIIe siècle : des documents chiffrés", Revue française d'Histoire du Livre, n. s., III, 1973, p. 92-94.[p. 87-112]
 

Il nous apparaît donc que la recherche dans les répertoires bibliographiques est l'unique manière de procéder pour documenter votre collection.

A titre d'exemple, et pour étayer cette réponse,  nous vous soumettons l'article suivant de Jean Boutier :
Livres et imprimé en Limousin au XVIIIe siècle :Production, diffusion, consommation (PDF)

Extrait de la Présentation :

 

Quoique le Limousin ne puisse passer pour l'un des protagonistes majeurs de l'histoire du livre à l'époque moderne, il dispose de longue date d'une bibliographie considérable consacrée à l'imprimerie et à l'imprimé régional, fruit de l'intense activité érudite d'historiens bibliophiles à la charnière des XIXe et XXe siècles.

Source : Livres et imprimé en Limousin au XVIIIe siècle. Production, diffusion, consommation. Michel Cassan, Jean Boutier. Les imprimés limousins, 1789-1799, Rencontre des Historiens du Limousin-Presses de l'Université de Limoges, pp.3-85, 1994.

Dans cet article vous découvrirez comment les travaux des historiens bibliophiles permettent aujourd'hui de mieux connaître l'édition et le commerce de l'imprimé.

 

Pour finir, nous vous proposons également ce billet paru sur le blog Bibliomab :
Les Tirages du livre ancien.  Bibliomab, 17 mars 2009
Il fournit des pistes d'exploration susceptibles de vous intéresser.

 

Nous vous avons fourni ces informations à titre indicatif car il nous semble que les données que vous souhaitez ne peuvent être obtenues grâce à des outils rapides et exhaustifs.

Désormais, à ce stade, nous vous encourageons à interroger directement le service SINDBAD (Service d’INformation Des Bibliothécaires À Distance) de la BnF.
Vous pouvez poser votre question sur cette page ou bien sur celle de la base de connaissances SINDBAD.

Comme ce service fournit précisément des « références de documents sur tous les sujets et des informations factuelles (faits, chiffres ou dates). », ils sauront vous orienter au mieux dans le choix des répertoires susceptibles de correspondre à vos besoins.