
Vous souhaitez savoir s’il existe des bibliothèques en France ou ailleurs qui ont mis en place pour leurs acquisitions de nouveautés des commandes automatiques auprès de leurs librairies partenaires qui leur apportent les best-sellers et ouvrages "indispensables" de manière très régulière et sans pré-sélection de la part des bibliothécaires.
Vous avez déjà consulté :
Voyage d'étude dans les bibliothèques des Pays-Bas. Myatlas.com, Annebertin, 2019
« Le nBD Biblion : partenaire, fournisseur ou concurrent des bibliothèques néerlandaises ? », Amandine JACQUET. In Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2012, n° 4, p. 15-18.
L’acquisition des documents reste en France un marqueur fort du métier de bibliothécaire pris dans son sens large. Déléguer cette tâche ou même la partager peut être vécu par certains collègues comme une dépossession de leur savoir-faire, comme en attestent les extraits suivants :
[…] décrivant les bibliothèques comme vivant « à l’heure de la récupération des notices, des automates de prêt et de retour, voire des listes d’acquisitions (« Non ! pas les acquisitions ! ») proposées par les fournisseurs sur profil » – un trait d’ironie qui tente de désamorcer ce qui semble presque un tabou.
[...]
Ce billet n’a pas laissé indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Interpelé par l’incompréhension de certains (et pas des plus idiots), on s’interroge : avais-je dit une sottise monumentale, ou simplement touché à un véritable tabou ?
Source : Externaliser la sélection des documents ? Lirographe, 2010
La co-construction des collections avec les usagers intéresse de nombreuses bibliothèques de lecture publique, d’une part pour augmenter la proximité de l’institution avec les citoyens et d’autre part dans le but de proposer des collections mieux adaptées aux besoins des lecteurs. Mais elle soulève également des réticences, notamment parce que la collection relève du domaine du professionnel et que l’idée de déléguer ces tâches aux usagers suscite des résistances.
Source : Co-construire les collections avec les usagers, Elise Breton. Mémoire du diplôme de conservateur des bibliothèques, Enssib, 2014, page 3
Nous pouvons toutefois vous citer, en France, une bibliothèque ayant en partie externaliser ses acquisitions,
la Médiathèque du Kremlin-Bicêtre :
Pour réduire le temps consacré à la constitution des collections où la réelle plus-value du médiathécaire se porte sur l’élaboration d’une politique documentaire et non pas sur un choix titre à titre, la médiathèque a développé des partenariats avec des libraires et dévédécaires afin de bénéficier au maximum de leur expertise. De ce fait, ils nous proposent une partie des titres à partir des grandes orientations de nos collections.
Source : « Ouvrir opportunément : la médiathèque du Kremlin-Bicêtre », Héloïse Courty. In Ouvrir plus, ouvrir mieux : Un défi pour les bibliothèques. Sous la direction de Georges Perrin. Presses de l’Enssib, 2014, page 45 (note 1)
On trouvera, plus facilement à l’étranger ce genre de pratiques, qu’elles soient subies ou choisies :
Tant que les bibliothèques ont externalisé des tâches périphériques à leur cœur de métier (reliure, photocopies), la profession ne s’est pas sentie menacée. Le milieu des années 1990 a vu les premières « privatisations » de fonctions situées au cœur du métier de bibliothécaire (choix des acquisitions confié à la société Baker and Taylor à la Hawaii Public Library en 1995 ; gestion complète du réseau de la Riverside County Library confiée à LSSI – Library Systems and Services – en 1997).
[...]
Pour la troisième année consécutive, à Phoenix, en Arizona, le réseau des bibliothèques a confié la responsabilité des acquisitions à une société extérieure. Un long débat a eu lieu pour éviter les errements qu’avait connus en 1995 le réseau des bibliothèques de l’État d’Hawaii 7, qui avait confié à la société Baker & Taylor l’ensemble des acquisitions
[...]
L’établissement de listes de suggestions d’acquisitions est quelquefois confié au prestataire, le bibliothécaire conservant le choix final. Ailleurs, c’est pour une partie du fonds pour lequel on manque de spécialistes (musique classique ou ouvrages en langue étrangère, par exemple) ou pour des nouveaux médias (livres lus au format Playaway, par exemple) ou encore pour des ouvrages que l’on aurait acquis de toute façon (les « must-have » que sont, par exemple, les sélections du New York Times) que l’on externalise le travail.
[...]
Certains choisissent de commencer un partenariat avec un prestataire en lui confiant la fiction adulte, où le choix est plus simple, conservant le choix des documentaires dans le giron de la bibliothèque. Après quelques mois de test, ils envisagent l’extension éventuelle du contrat. Se décharger de la constitution fastidieuse de telles listes permet aux bibliothécaires de se consacrer à l’analyse de leurs collections et au développement d’une politique d’acquisition adaptée aux besoins.
Source : « Externalisation et privatisation : petite histoire récente des pratiques dans quelques bibliothèques d’Amérique du Nord », Cécile TOUITOU. In Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2008, n° 2, p. 20-27.
Les baisses de budget qui ont suivi la réunification allemande ont conduit la bibliothèque centrale de jeunesse Friedrichshain-Kreuzberg de Berlin à déléguer à un prestataire la sélection de ses acquisitions afin de privilégier ses actions pour le développement de la lecture. Le choix d’une librairie spécialisée dans la littérature jeunesse et connaissant bien le quartier, ainsi que l’établissement d’un profil d’acquisition détaillé, permettent à la bibliothèque et à la librairie d’être pleinement satisfaites de ce partenariat.
Source: « L’externalisation du choix des livres : une expérience en Allemagne », Christiane BORNETT. In Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2008, n° 2, p. 25-27.
Afin de poursuivre votre enquête, nous vous conseillons de solliciter les retours d’expérience de collègues via le forum Agorabib, notamment en relançant la discussion déjà existante Externalisation des acquisitions (2018), ou via le groupe Facebook public Professionnels des bibliothèques.
Pour aller plus loin :
Externalisation des acquisitions. Questions?Réponses ! 22/05/2018
Acquisitions en bibliothèque. Questions?Réponses ! 17/01/2014
Participation du public aux acquisitions. Agorabib